Tout commence en 1977. Jacques Ferlay, passionné de moto, sillonne les routes de Haute-Loire avec quelques amis. Lors d’une halte improvisée, il découvre Chaudeyrolles, un petit village niché au pied du Mont Mézenc. C’est le coup de foudre. La beauté brute de la région, la quiétude des lieux… Jacques est décidé : il veut y établir ses racines.
Durant plus d’un an, Jacques cherche à s’intégrer. Avec son caractère affable et persévérance des liens se créent : une maison est mise en vente. Il l’achète, la restaure avec soin, respectant scrupuleusement les traditions locales. Les lauzes sur les toits, les matériaux du terroir… Tout est fait pour honorer l’authenticité de Chaudeyrolles.
Au fil du temps, il acquiert d’autres maisons, qu’il entreprend de rénover une par une. C’est un travail colossal, qu’il mène avec l’aide précieuse de son fils Bastien. À eux deux, ils déploient des efforts considérables pour redonner vie à ces bâtisses, parfois dans un état d’abandon. Les murs reprennent vie, les toits sont refaits, et chaque détail porte l’empreinte de leur engagement à préserver le caractère unique de la région et de Chaudeyrolles
Jacques est un homme aux multiples facettes. Passionné de musique, il joue de la guitare avec une âme de troubadour et trouve dans les mélodies un refuge aussi profond que dans les paysages du Mont Mézenc. En parallèle, il se lance plusieurs fois dans le Chemin de Compostelle, en pèlerinage, faisant de ces voyages spirituels une source de force et d’inspiration.
Aujourd’hui âgé de 80 ans, Jacques a eu la sagesse et la générosité de transmettre son patrimoine à ses cinq enfants, chacun recevant une part de cet héritage qu’il a bâti avec tant de travail et de cœur. L’auberge, symbole de tant de souvenirs et d’efforts, a été transmise à Fabrice, nous verrons plus tard pourquoi. Ce geste, empli de confiance et d’encouragement, marque un nouveau chapitre pour Jean le Dindon.
L’enfance de Fabrice : un lien forgé dans la rudesse d’une époque
C’est dans ce décor que grandit Fabrice, le fils aîné de Jacques. Bien qu’il ne soit pas né à Chaudeyrolles, c’est là qu’il passe ses jeunes années. Une enfance marquée par la dureté du climat : pas de chauffage, des parents souvent absents, un lit placard pour dormir. Mais aussi une liberté précieuse. Fabrice explore les monts alentours, apprivoise le Mont Mézenc et se forge un caractère. Des amitiés fortes naissent avec les jeunes du cru, des découvertes de métiers avec des artisans locaux comme Régis le charron, ou Jean de la Scie le menuisier. Jamais avares d’ensignements avec ce gamin créatif, qui d’un bout de bois et de fer bricolait sans cesse.
Dès l’adolescence, une passion émerge : la cuisine. Fabrice aime nourrir sa famille, régaler ses proches. À 17 ans, une idée germe en lui : il veut transformer la bâtisse originelle en restaurant. Ses mains habiles et son goût pour l’effort lui permettent de rénover entièrement le bâtiment. Les travaux sont titanesques, mais il est prêt.
Puis vient la dispute. Violente, vexante, une broutille de l’époque mais elle l’éloigne de son rêve de Chaudeyrolles, de l’auberge. Fabrice quitte tout. Commencent alors des mois d’errance, une période sombre où il frôle la perte totale de repères.
Une renaissance inattendue
Fabrice finit par se reconstruire, aidé par des âmes bienveillantes. Il change de voie, se forme aux métiers des courants faibles et de la sécurité, monte une entreprise dans l’informatique, la cède, puis en monte une deuxième dans la sécurité. La vie semble l’avoir éloigné définitivement de Chaudeyrolles.
Mais c’était sans compter sur un autre tournant : sa rencontre avec Caroline. Ensemble, ils forment un couple audacieux, prêt à relever des défis fous. C’est Caroline qui souffle l’idée. « Et si on relançait l’auberge ? »…
L’auberge Jean le Dindon : un passé à honorer
L’auberge a bien vécu sous la direction de Jacques, même après le départ de Fabrice. Elle était plus qu’un restaurant : c’était un lieu de vie, où l’on mangeait simple et bon, où l’ambiance régnait en maître. Les rires, les soirées animées, les plats aux accents locaux… Tout cela résonne encore dans les mémoires.
Et si ce passé pouvait renaître, enrichi d’une touche moderne et d’un savoir-faire raffiné ? Fabrice décide de se former à l’École Ducasse, une référence dans le monde de la gastronomie. Fort de ce diplôme, il revient à son premier amour : la cuisine.
Avril 2025 : le renouveau
Après des mois de préparation, le compte à rebours est lancé. Dans 120 jours, l’auberge Jean le Dindon rouvrira ses portes. Avec une promesse : honorer l’âme conviviale du lieu tout en y apportant une cuisine à la fois locale et inspirée, à l’image des valeurs de Fabrice, de son père, et de l’Ecole Ducasse où le futur Chef a été formé.
Le retour de Jean le Dindon n’est pas qu’une réouverture : c’est une renaissance. Une aventure humaine, une ode à la persévérance, et une invitation à redécouvrir Chaudeyrolles sous son meilleur jour.
Rendez-vous en avril 2025 pour écrire ensemble ce nouveau chapitre de l’histoire.